Merci ! Monsieur Galabru

Merci ! Monsieur Galabru

Merci ! Monsieur Galabru

Lundi 4 janvier 2016

Michel Galabru vient de nous quitter

La Mirondela dels Arts tient à rendre hommage à cet homme infatigable qui nous a régalé durant tant d’été dans le cadre de notre festival, de Georges Dandin au Malade imaginaire de Molière en passant par Les Rustres de Goldoni, le Légataire universel de Jean-François Régnard, le Voyage de Monsieur Perrichon de Labiche jusqu’aux Lettres de mon Moulin d’après Daudet et l’inoubliable Femme du Boulanger de Marcel Pagnol.

Nous vous retranscrivons l’interview réalisée par notre ami Jean-Luc Bouazdia lors de la dernière venu de cet immense acteur.

 

Merci ! Monsieur Galabru

 

Une carrière de pratiquement soixante-dix ans pour le jeune Michel Galabru, qui passa les sept premières années de sa vie sous le soleil de Safi au Maroc. Enfant coquin, amusant, curieux du monde qui l’entoure, malgré une autorité paternelle qui le sclérose, et puis le métier de comédien qui l'attire de plus en plus. Des modèles, comme Sacha Guitry, qui, tout comme lui, s’avouait être un piètre élève à l’école, mais avec la grande carrière de comédien que l'on connaît, celui-ci aura une grande influence sur son désir de devenir artiste. Michel Galabru écrira d'ailleurs un livre sur lui, en 2001 : Galabru raconte Sacha Guitry.

La longévité de la carrière de ce solide héraultais n’a d’égal que son talent, aujourd’hui enfin reconnu de tous. Mais il fut une époque ou ce Roi du cinéma populaire ne faisait pas l’unanimité. C’est en 1977 qu’il sera enfin consacré avec le César du meilleur acteur pour son rôle dramatique de Joseph Bouvier dans le Juge et l’Assassin de Bertrand Tavernier. Face à lui se trouvaient Alain Delon, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu... Excusez du peu !

C’est lors de sa tournée d’été, de passage dans le 48ème Festival de la Mirondela dels Arts de Pézenas en Languedoc, que nous retrouvons Michel Galabru et sa troupe, pour la représentation des Lettres de mon Moulin de Marcel Pagnol d’après l’oeuvre d’Alphonse Daudet. Une lecture des textes, adaptée et mise en scène par son fils Jean Galabru. Il y a soixante ans jour pour jour que Marcel Pagnol a décidé d’adapter et de porter à l’écran trois des plus célèbres lettres de mon moulin : Les trois messes basses, L’Élixir du père Gaucher et Le curé de Cucugnan. Ainsi donc une « trilogie » provençale ou la verve poétique de Daudet est transcendée par le génie littéraire et théâtral de Marcel Pagnol.

À quatre-vingt onze ans, celui qui fut Premier Prix du Conservatoire National d’Art Dramatique, qui a débuté à la comédie française et tourné dans plus de 250 films et téléfilms, n’a rien perdu de sa superbe et à offert au public venu nombreux au Théâtre de Verdure le soir du 5 Août dernier, un grand moment de bonheur « pagnolesque » et une joie de jouer sur scène très communicative ! Merci Monsieur Galabru !

Jean-Luc Bouazdia : Michel Galabru, vous êtes devenu au fil de toutes ces années un comédien incontournable, de la scène française et du cinéma. Cet été nous avons vu la rediffusion des Gendarmes de St Tropez, pour l’anniversaire du cinquantenaire de la série. Vous êtes d’ailleurs classé quatrième personnalité la plus diffusée à la télévision, après Louis de Funès, Lino Ventura, Bourvil...

Michel Galabru : Ça s’est pas croyable ! (Rires)

J-L B : Je voulais à présent revenir sur la représentation des Lettres de mon Moulin que votre fils Jean Galabru a réadapté de Marcel Pagnol, comment vous vous êtes impliqué dans cette pièce de théâtre ?

M G : Comme vous le dites, c’est mon fils le metteur en scène, c’est lui qui a fait tout le travail et c’est un très beau travail qu’il a fait. On lit sur scène ces trois œuvres, qui sont très agréables, d’abord très bien écrites, très savoureuses. Tout le monde les connait, ce sont des chefs d’œuvres de la littérature française.

J-L B : La mise en scène est assez minimaliste, mais de part votre charisme et votre faconde, vous remplissez l’espace de votre énergie, votre talent. Après tout ce parcours que vous avez réalisé au fil de votre carrière, est-ce qu’aujourd’hui vous êtes encore sujet au trac ?

M G : Ah le trac... Oh oui le trac, ça c’est le compagnon du comédien. Je ne connais pas beaucoup de comédien qui n’ait pas le trac, une appréhension, on ne sait pas ce qui va se passer. C’est une acrobatie vous comprenez, un peu comme le type qui va se jeter de son trapèze. Il sait qu’il a bien répété, il sait qu’il possède la maitrise... mais on ne sait pas ce qui peut arriver : un accident, un trou de mémoire ! Et puis est-ce que le public va mordre ? Est-ce que le public va adhérer ? Ça, c’est très compliqué ! Par exemple, quand vous allez chez des amis et que l’on vous présente des gens que vous ne connaissez pas, est-ce que ça va coller ? C’est ce qui se passe ce soir, nous allons rencontrer un public que nous ne connaissons pas. Eux, ils nous connaissent, mais nous non. Est-ce que ce que nous allons jouer va leur plaire, vous comprenez ? Quelques fois nous sommes très inquiets, parce que ce sont des textes qui ne sont pas faciles non plus. Alors c’est pas des grosses rigolades, c’est très fin ! Alors on se pose des questions et l’on est très angoissé.

J-L B : Est-ce qu’il s’agit alors d’un jeu de séduction alors, pour conquérir un public pouvant être difficile ?

M G : Un jeu de séduction si vous voulez, mais ce n’est pas exactement... C’est comment prendre le texte, comment le valoriser et surtout comment ne pas le trahir, ça pose des problèmes tout ça. Quand vous avez un œuvre comme celle-là, un chef d’œuvre je dirais même, si cela ne marche pas, c’est de votre faute ! C’est vous le comédien qui n’a pas été à la hauteur, de ce que l’on vous a proposé comme texte et ça c’est très grave si ça ne marche pas ! Est-ce que le public de Pézenas ce soir, sera sensible à cette façon d’interpréter... Pareillement pour cet autre public d’ailleurs, c’est des problèmes ! Ce sont des Interrogations que l’on se fait et l’on ne se sent rassuré qu’à partir de la moitié du spectacle...

J-L B : ...Nous sommes à présent à quelques minutes seulement de la représentation et vous allez d’ailleurs aller vous préparer. Que ressentez-vous en ce moment ?

M G : Vous savez, avec l’acteur, il y a transmission de pensée. Si le public est froid le soir, qu’ils ont eu des ennuis dans la journée, ils ne sont pas disposés. D’ailleurs il y a des choses étonnantes dans ce métier de comédien. Autrefois, j’allais jouer de théâtre en théâtre et après les représentations, on se retrouvait tous pour manger dans des bistrots qui n’étaient pas très chers. L’un venait du Gymnase, l’autre du théâtre Maubel, l’autre du théâtre Montparnasse... Au moment du souper vers minuit, je leur disais : Alors, ils étaient comment ? Un soir c’était extraordinaire, ils étaient tous mauvais dans Paris. Non pas que les comédiens étaient mauvais, mais avec le public, ce soir là, il y avait des mauvaises ondes, ça ne marchait pas !
Ah la la, ils étaient à chier, à chier ça ne marchait pas...

Le soir de la représentation, entourés des siens, dans ce théâtre de Verdure que Michel Galabru aime tant, le spectacle remporta un vrai succès public !

Jean-Luc Bouazdia
Magasine Émotion n°26 - 2014

 

1985 Georges Dandin le medecin malgre lui
1986 le legataire universel
1987 programme malade imaginaire 5
1987 programme malade imaginaire 6
1996 la femme du boulanger
1999 page catalogue
2002 page catalogue
2005 le systeme Ribadier 1
2005 le systeme Ribadier 2
2005 le systeme Ribadier 3
2005 les rustres 1
2005 les rustres 2
2005 les rustres 3
2007 Affiche M. Amedee
2008 Le Voyage de M. Perrichon 1
2008 Le Voyage de M. Perrichon 2
2009 Mais ne te promene donc pas toute nue les mentons bleus
2011 la femme du boulanger Jean Luc Bouazdia 1 txt
2014 les lettres de mon moulin 1
2014 les lettres de mon moulin 2
Portrait de Michel Galabru par Clement Batut 2014  Jean Luc Bouazdia

 

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